La Fiorentina (on distingue, sur la gauche, le clocher de sa chapelle).
 

La Villa Fiorentina :

Cannes n'est alors qu'un village de pécheurs, lorsqu'en 1832, Lord Brougham, chancelier d'Angleterre, se voit contraint d'y faire halte, l'entrée dans Nice venant de lui être refusée pour cause d'épidémie de peste. Tombant sous le charme du lieu, il y fait construire une demeure dans laquelle pendant 34 ans et jusqu'à sa mort, il résidera chaque hiver. La fine fleur de l'aristocratie anglaise, fuyant les brumes londoniennes, lui emboîte bientôt le pas. Tel, Sir Thomas Woolfield qui de 1838 et pendant une vingtaine d’années, jouera un véritable rôle de promoteur, mettant en chantier, achetant et revendant plus d’une trentaine de villas à ses compatriotes. Entre 1835 et 1885 seront édifiés de véritables palais dédiés à la villégiature hivernale de la haute noblesse européenne : château des Tours, château Scott, villa Victoria, villa Eléonore-Louise, villa Fiorentina et villa Rothschild. Aucune d'elles, ne sera d'ailleurs jamais surpassée en magnificence, par les villas qui seront ensuite édifiées par la grande bourgeoisie .

 

C'est ainsi, qu'en 1880, un parlementaire anglais Sir Julian Goldsmith, fait édifier, dans un vaste domaine situé sur les hauteurs de Cannes, une manière de palais à l'Italienne, orné de colonnades, fresques et marbres qu'il dédit à son épouse florentine. La Fiorentina est née. En novembre 1892, quelques mois après la mort de Lady Goldsmith, la "villa" délaissée séduit Philippe comte Vitali qui d'abord la loue durant un an, pour finalement l'acheter (le 18 mars 1894). Exposée "plein sud", la villa jouit d'une vue exceptionnelle sur la mer. Au rez-de-chaussée - constitué d'une prestigieuse enfilade de salons - s'ajoute un 1° étage auquel on accède par un grand escalier de marbre, puis un deuxième étage et enfin une terrasse de laquelle on embrasse d'un seul regard toute la baie de Cannes. Immédiatement, Philippe réaménage entièrement la Villa. Après travaux, les deux étages offrent 12 grandes chambres de maître avec leurs salles de bains et une dizaine de chambres de domestiques. Dans le parc, qui comprend de nombreuses dépendances, le comte Vitali fait construire, sur la droite de la villa une grande chapelle de style baroque florentin.

 

La chapelle, (dont la cloche aux armes des Vitali rythme encore aujourd'hui la vie des résidants de ce quartier cannois), est aujourd'hui un musée dédié à l’œuvre du peintre Bellini.  (Crédit photo : L. Bellini) <Cliquez sur les images>

 

Le comte Vitali fait aussi complètement réaménager le parc, initialement à l'Anglaise, en un parc d'inspiration toscane. Il s'agit d'un ensemble de terrasses qui regroupe de riches collections de fleurs et plantes ornementales, avec bassins , fontaines, statues , puits vénitien , temple d'amour et même une rivière artificielle. Il fait également réaliser, sur la gauche de la Villa, un jardin d'hiver. Pièce d'architecture grandiose dans laquelle il donne de fastueuses réceptions dont la presse de l’époque (le Courrier de Cannes, Cannes Artiste, etc...), se fait l’écho. Tel cet article de J. de Chadenac, chroniqueur mondain, paru dans le Figaro un jour d'avril 1904, ventant les dîners, bals et concerts "dont les plus somptueux peut-être sont ceux du comte et de la comtesse Vitali, dont l'opulence emprunte un prix particulier et un je ne sais quoi d'exceptionnel au ton exquis de grand seigneur, aux splendeurs florales et aux merveilles artistiques comme à l'élite dont ils s'entourent, ajoutant au luxe et à l'apparat du service le choix des artistes et la composition du programme dont le régal est ménagé aux invités, dans une salle délicieusement décorée... Il n'est pas d'hospitalité plus magnifique sur tout le littoral... " (sic). Et le chroniqueur de conclure sentencieusement : "Tout n'est pas mort des Médicis" !

Le comte Vitali possède également à Cannes un grand yacht "le Fiorentina II" que, de la terrasse de la Villa, on peut apercevoir mouillé au quai Saint Pierre. Le baptême de ce navire, célébré le 4 février 1898 à 14H00 par Mgr Chapon évêque de Nice resta, selon la presse de l'époque "inoubliable dans les fastes de Cannes".

_____________________________________________________________________________
 
Pour revenir au sommaire "Palais & Châteaux" , cliquez ici : Sommaire
Pour revenir en début de page, cliquez ici : Haut